lundi 26 août 2013

Republique tchèque: Marches racistes contre les Roms. Mobilisation des opposants

Le samedi 24 août 2013, des néo-nazis ont organisé plusieurs marches racistes contre les Roms, qui avaient lieu dans huit villes tchèques - Ostrava, Duchcova, Pilsen, Budejovice tchèque et Jičína. Une centaine d’extrémistes de droite ont été interpellés samedi au cours de ces manifestations qui ont réuni un total de 1.500 personnes, d'après les autorités. Par ailleurs, des contre-manifestations ont été organisées pour contrer la haine anti-Rom, qui ont rassemblé davantage de monde, des anti-fascistes aux organisations de défense des Droits de l'Homme.
  
A Ostrava par exemple, dans le nord-est du pays, entre 600 et 800 extrémistes ont tenté de pénétrer dans un quartier essentiellement habité par des Roms, provoquant des affrontements violents avec les forces de l’ordre. Les manifestants ont bombardé la police avec des pierres et au moins 60 personnes ont été arrêtées. Environ 300 policiers avaient été mobilisés dans cette ville. Ils ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, qui scandaient notamment "La Tchéquie aux Tchèques !" et "Rien que la nation !"


Environ 400 militants d'extrême-droite ont défilé dans la ville de Plzen
Les pires affrontements au cours des différents rassemblements ont eu lieu à Ostrava et à Ceske Budejovice. Radio Prague en a assuré la retransmission.
Dans ces deux villes, les manifestants ont quitté le tracé autorisé pour essayer d'atteindre les zones à forte population rom, provoquant des affrontements violents avec les forces de l'ordre.
L'incident le plus grave s'est produit à Ostrava, où les extrémistes ont utilisé des pierres, des bombes fumigènes, des détonateurs et des poubelles. La police a lancé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes. Trois policiers ont été blessés, ainsi qu'un certain nombre de manifestants.
Affrontements avec la police terminée le 24  Août Ostrava anti-Roms mars par des néo-nazis.  L'incident le plus grave s'est produit à l'intersection des gares et Mariánskohorská.  Les policiers nazis, qui ont essayé d'arrêter l'attaque sur les Roms.  Vola à travers les pierres de l'air, des bombes fumigènes, des détonateurs, des poubelles, des policiers à plusieurs reprises et utilisé des gaz lacrymogènes.  (Photo: ČTK)
Affrontements à Plzen entre manifestants d'extrême droite et les forces de l'ordre
















DES PROTESTATIONS SYMBOLIQUES CONTRE LES MARCHES ANTI-ROMS 


Tôt le matin du samedi, des initiatives ont eu lieu pour lutter contre les appels à la haine raciste des néo-nazis.
Ainsi, à České Budějovice, des slogans anti-racistes ont été peints à même le sol, tout le long du trajet de la manifestation d'extrême-droite. A Brno, les manifestants anti-Roms n’étaient pas plus d’une trentaine et ont été ridiculisés par les anti-racistes présents. 
Slogans anti-racistes
dans les rues de České Budějovice
Contre-manifestants, venus s'opposer au défilé d'extrême-droite
Les militants des Droits de l'Homme ont organisé des contre-manifestations dans plusieurs villes, dont la capitale, Prague.
"Nous avons vu une tendance profondément inquiétante au cours de l'année écoulé en voyant la discrimination enracinée contre les Roms atteindre de nouveaux sommets.
C'est une question fondamentale que les autorités tchèques ne peuvent pas ignorer", a déclaré John Dalhuisen, d'Amnesty International. L'ONG avait déjà exprimé sa préoccupation au début du mois au sujet de ces marches, exhortant les autorités tchèques à protéger la communauté rom.
"La situation est extrêmement tendue en République tchèque, où des groupes d'extrême droite gagnent rapidement en influence", ont estimé l'organisation de défense des Droits de l'Homme et le Centre Européen des Droits des Roms.

Le Parti Vert a lui aussi exprimé toute sa préoccupation sur la montée du sentiment anti-Roms dans le pays, qui culmine dans une série de tentatives de pogroms à travers la République tchèque. «C'est à nous d'organiser la coexistence des groupes majoritaires et minoritaires dans notre société. Il est nécessaire d'ouvrir un nouveau chapitre, car la situation actuelle est absolument intenable. Ignorer les problèmes des actions de rue, de la haine déclarée et des attaques xénophobes ne peut que faire empirer la situation. Malheureusement, les partis politiques établis refusent d'affronter ce problème et de prévenir l'aggravation des hostilités. Le Parti Vert veut élaborer et promouvoir les moyens de sortir de cette crise et est à la recherche d'alliés parmi les partis politiques et les initiatives des citoyens», a déclaré Ondrej Liska, le président du Parti Vert qui a fermement condamné ces marches anti-Roms.
A Plzeň, face à une centaine de néo-nazis, 300 anti-racistes ont manifesté et sont parvenus à bloquer la marche des néo-nazis.12 antifascistes ont été arrêtés par la police.
les mots de passe racisme sur 24  Août est apparu dans Budejovice tchèque sur la voie de l'planifié anti-Roms mars.  Les signes sont censés symboliser l'opposition à la manifestation de l'après-midi.  Sur les trottoirs à l'aube par des membres des initiatives de Budějovice contre la violence.  Le signe en anglais dit:
Les inscriptions à même le sol sont censées symboliser
 l'opposition à la manifestation de l'après-midi.
Elles ont été peintes sur les trottoirs, à l'aube,
par des militants anti-violents et anti-racistes.
En anglais, le texte veut dire Toutes les couleurs sont belles.
Qui sont réellement les participants à ces manifestations, et où se positionne la population locale ? D'après certains, les marches des militants d’extrême droite se déroulent avec le consentement des habitants. Intellectuel et théologien, Ivan Štampach met en garde devant une sclérose de l’histoire nationale qui serait propice pour le développement du racisme. Il remarque surtout qu’une idéologie raciste ne constitue pas une solution des problèmes du vivre ensemble au niveau local.

En revanche, pour la journaliste Saša Uhlová, la source principale des tensions est la précarité économique et sociale d’une grande partie des habitants. Pour elle, les régions actuellement en crise ne sont pas davantage peuplées de gens racistes, mais plutôt de gens frustrés par la dégradation des services sociaux et des moyens de transports, par les fermetures des hôpitaux et des écoles.
Tandis que les critiques s’accordent sur la défaillance durable de la gouvernance locale qui serait à la source des tensions, les responsables régionaux se concentrent, eux, sur les défis immédiats. D'un côté, la question se pose de leur capacité à interdire une telle manifestation. En effet, la loi sur le droit de rassemblement ne le permet que si «un rassemblement porte atteinte aux droits personnels, politiques ou autres des citoyens du fait de leur nationalité, genre, race, origine, conviction politique, croyance religieuse ou statut social ou bien s’il mène à appuyer la haine et intolérance pour ces raisons». D'un autre côté, la solution actuelle consiste en une présence policière accrue et en une plus grande répression

Rappelons qu'en République Tchèque, 83% des Roms assurent avoir subi des injustices, selon un sondage de l'Agence européenne pour les droits fondamentaux.

Préparation des pancartes à Plzeň
Pour conclure, nous reprenons les mots d'Alix-André Buecher, qui a suivi de près les événements pour essayer de mieux comprendre : "On peut maintenant essayer de tirer une leçon des manifestations anti-roms de Tchéquie. L'extrême-droite, sans doute fâchée de ces succès très partiels lors de précédentes manifestations où les forces de police l'avaient contenue, avait annoncé une série de manifestations ce week-end et avait choisi son sujet, celui qu'elle pensait le plus apte a rassembler la population : "l'anti-tsiganisme". Elle avait crié qu'elle allait organiser cinq grandes manifestations. Elle a tenté le coup et l'a raté dans quatre villes où les manifestations n'ont regroupé que peu de gens, et où manifestement la population n'a pas réagi.  Par contre, les anti-fascistes, eux, se sont mobilisés et même s'ils n étaient pas en grand nombre, ils étaient plus nombreux que les extrémistes roms et tchèques mêlés. Dans une seule ville, la manifestation a été un demi succès. Près de 600 extrémistes ont commencé a faire des dégâts, mais la police les a contenus et plus de soixante d'entre eux ont été arrêtés. Piteux résultat.

Qu'apprenons-nous de ces événements ? 
Un, la Tchéquie est et reste un état démocratique. Deux, les forces de police suivent les ordres du gouvernement et font régner l'ordre. Trois, les extrémistes qui se montraient si forts et si sûrs d eux sont au plus 1500, ce qui est peu pour un pays de plusieurs millions d'habitants. Quatre, la population n'est pas si fortement que cela anti-Roms, en tout cas elle n'est pas prête à manifester. Cinq, une action commune Roms et humanitaires est non seulement possible mais efficace.

L'extrême droite, pour dangereuse qu'elle puisse être, n'est pas la force irrésistible à laquelle elle veut nous faire croire, mais un petit groupe nocif et surtout minoritaire."

Quelques liens pour mieux comprendre :

Le site de Radio Prague (en français) :
RTS Info : Violences lors de manifestations anti-roms en République tchèque
Romea.cz, compte-rendu des événements (en tchèque)
Teraz.sk, compte-rendu dans la presse slovaque (en tchèque)

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